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Je ne fais pas semblant de travailler, je dissimule mon activité par humilité! Nuance!

Publié le par El Pat

C’est indéniable ! Si je fais le compte, dans un mois entier travaillé, je passe 84.80 % de mon temps à m’ennuyer au possible et 15,2 % à être occupé comme un fou ! Comment je le sais ? Je viens de terminer le compte ce matin. Cela fait huit ans, 5 mois et deux jours que je suis en poste dans cet hôtel. Je suis arrivé depuis des lustres à mon rythme de croisière, qui consiste à ne faire que ce qui m’est demandé mais a bien le faire. Parfois j’en fais un peu plus et un peu mieux pour avoir la paix. C’est un peu comme si je capitalisais sur la tranquillité par le fayotage ! Ne pensez pas que pour moi le terme « fayotage » soit auréolé de honte ! Que nenni, moi je dis que le fayotage est le meilleur moyen, à la fois d’avoir la paix au travail et d’obtenir ce que l’on veut. Bref, nous reviendrons sur le fayotage plus tard ! Je vous ferais même un petit mode d’emploi si vous voulez !

Pour revenir sur ces chiffres étonnants à propos de mon inactivité au travail, cela peut paraître fou, mais depuis le 12 Décembre 2014, je fais le compte du temps pendant lequel je suis réellement occupé et je déduis que le reste est le temps où je me fais vraiment et royalement chier ! Car, malheureusement pour moi, il n’y a pas de demi-mesure. Soit je suis débordé par les appels téléphoniques, les demandes de clients, ceux qui veulent boire un verre, savoir comment on va au centre-ville, ou se trouve la pharmacie de garde ; soit je me fais chier comme le dernier ravioli oublié au fond du frigo, dans sa boite de conserve !

Dans ce dernier cas, on en arriverait à souhaiter qu’il se passe quelque chose, même n’importe quoi ! Peu importe, du moment que cela occupe un tantinet soit peu : une météorite qui tombe sur l’hôtel en face (concurrent, bien sûr !), un bus de Chinois qui débarque, le crétin qui m’a dit que je ressemblais à Homer Simpson qui tombe dans les escaliers (faut pas qu’il se fasse trop mal non plus…mais un petit peu!) ou alors, que le charmantissime client de la  chambre 204 vous appelle pour réparer sa télévision tombée en panne et qu’il vous reçoive torse nu avec une simple serviette autour de la taille. Serviette qui pourrait accessoirement tomber avec l’appel d’air créée par l’ouverture de la porte ! Bref, qu’il se passe un truc quoi ! (le dernier, le dernier, le dernier !!!)

 

 Mais maintenant, poussons le calcul un peu plus loin ! Admettons que mon patron soit arrivé à la même conclusion que moi et que grâce à un avocat véreux, il lui soit donné la possibilité de me payer uniquement pour le travail effectif que je fais et non plus pour de simples heures de présence. Soit, je le rappelle,  15.2 % de mon salaire mirobolant !  Cela signifierait que je serais en réalité payé 197,60 € ! A moi la peur ! Voyez la misère ! Bon, si je venais à changer de patron et que le nouveau croit qu’à chaque fois que j’ai un classeur ouvert devant moi, je travaille, il se pourrait que mon salaire dépasse péniblement les 30 % soit 375 € !

Si on le voulait, on pourrait également développer sur les activités des 84,80 % de mon temps de travail. Principalement : regarder par la baie vitrée qui est à dix mètres de moi ! Mais cela devient vite lassant étant donné que c’est une cour intérieure et que je ne vois que les clients passer, quand il y en a! Ensuite pèle mêle : écouter la programmation musicale catastrophique faite par ma direction, essayer de regarder la télévision depuis ma réception car elle est à vingt mètres de moi, et, entre nous deux, il y a une bibliothèque en verre qui me déforme toutes les images, me lever pour aller me faire couler un expresso, faire ma liste de courses deux fois par mois, appeler loulou deux fois par jour, faire des photocopies quasi inutiles, arroser des plantes au bord de la mort, trier des documents que j’ai déjà trié il y à 30 minutes mais comme personne ne m’a vu faire je fais croire que c’est une nouvelle occupation, et, coller l’oreille à la fine paroi qui nous sépare du restaurant en fin de service juste pour avoir le plaisir d’entendre les serveurs se faire savonner comme des planches à pain !

Remarquez, si on réfléchit bien, ce que je qualifie d’inactivité, ne serait-ce  pas en fin  de compte une activité déguisée ? Reprenons :

                * Ecouter la musique : manière de me renseigner sur les auteurs d’albums et les titres de chansons pour mieux renseigner le client,

                * Regarder la télé : surveiller les programmes afin que rien ne vienne troubler ou choquer les clients,

                * Me faire couler un expresso : vérifier la qualité du produit servi au client,

                * Faire ma liste de course : mieux me nourrir pour être plein de vitalité et faire mon travail dans de meilleure conditions et avec de meilleurs performances pour mon entreprise,

                *Appeler Loulou deux fois par jour : me tenir au courant des dernières news, et ainsi, mieux informer mes clients,

                * Faire des photocopies quasi inutiles : évite à mes collègues de le faire et augmente ainsi leur compétitivité,

                * Arroser des plantes au bord de la mort : leur évite justement de mourir et embellit la réception pour nos clients,

                * Retrier des documents : évite une surcharge des conteneurs à poubelle. Nous  faisons ainsi un geste pour la nature,

                * Ecouter les serveurs se faire savonner : vengeance personnelle !

Au final, je fais TOUT pour le bien et la survie de mon entreprise ! Au final, je le mérite bien mon salaire, et à 100 % même ! Et si mon patron arrivait à la même conclusion que moi, ne pourrait-on pas dire que je le mérite à 120 % ?

Patron, si tu lis ces mots, vois tout le bien que je fais à ta boite et récompense le bon Samaritain que je suis !  Merci !

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