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Fayotage ou art de vivre au quotidien?

Publié le par El Pat

Il y a quelques jours, nous avons eu notre planning du mois de Février. Dans l’hôtellerie, les jours fériés, les week-ends et tutti-cuanti, ça n’existe pas ! Vous pouvez aussi bien bosser du Lundi au Jeudi, être le Vendredi de repos et retravailler jusqu’au Dimanche, avec 3 jours de repos la semaine suivante ! Quant aux horaires, je n’en parlerais même pas ! C’est donc la guerre quand les plannings sortent, car certains de mes collègues ont l’œil du lynx pour repérer qui a plus de week-ends que les autres, qui a le plus souvent les horaires les plus avantageux, etc… ! Bref ! Il est vrai que depuis quelques mois (voire un peu plus d’un an), mes plannings, c’est limite parfait ! Plus d’ailleurs, ce serait indécent ! Equité entre horaires du matin et du soir, des jours de repos qui se suivent, c’est le paradis…mais pas pour tout le monde ! J’ai une collègue (le fameux œil de lynx !) qui a le complexe Caliméro ! Je ne vais pas disserter deux heures sur cet état d’esprit : elle croit en permanence que tout le monde est contre elle, et, du coup, la vie est tout le temps trop injuste avec elle ! Et donc, elle se pense toujours la plus défavorisée ! CQFD, quand elle voit mon planning tous les mois, j’ai droit à la petite phrase qui tue : « De toute façons, tu fayotes tout le temps, c’est pour cela que tu as un super planning ! »

 

Comme je l’écrivais dans un précédent article, pour moi, le fayotage n’est ni une tare, ni un acte de sabordage par rapport à autrui! Surtout que si l’on s’en tient à la définition donnée par le site expressio.fr, le terme fayoter n’avait rien à voir, apparemment a la base, avec le fait de faire du zèle pour se faire bien voir. Il désignait uniquement des marins qui se réengageaient dans la Marine car comme le fayot était très souvent servi aux repas du fait de sa conservation très longue, on disait qu’ils revenaient aussi souvent que ces derniers. Pas de quoi fouetter une mouette et être accusé de vouloir plaire à ses supérieurs coûte que coûte ! Ce n’est que par la suite que des petits subversifs ont détournés le terme pour en faire ce qu’il en est aujourd’hui !

 

Car, à bien y réfléchir, ne sommes-nous tous pas un petit peu « fayot » à ce compte-là ? Qui n’a jamais répondu par courtoisie envers une personne, l’inverse total de ce qu’il pensait, juste pour éviter d’être vexant ou pour seulement avoir la paix  et ne pas débattre une heure stérilement? Quelques exemples dans lesquels certains pourraient ou devraient se reconnaitre :

* Notre amour : « Chérie, comment est-elle cette nouvelle coiffure ? = Très jolie » ! ->Sous-entendu : Rohh ! Mais qui t’a agrafé ce chien mort sur la tête ? C’est ballot !

* Notre boss : « Jean François, aurez-vous le temps de me remettre le dossier Mercier pour demain matin, 08h00 pétante ?  = Mais avec plaisir Patron ! Justement j’avais une heure de rabe ce soir ! » -> Sous-entendu : «Il faut que je finisse les trois autres dossiers pour ce soir 19h00, ensuite que je passe à la compta et enfin que j’organise les chantiers de demain. Mais ce sera un plaisir de téléphoner à ma femme pour lui dire de manger seule avec mon gamin, ce qui contribuera à foutre mon couple un peu plus en l’air, et lui demander de me laisser une vielle assiette de soupe au micro-ondes que j’avalerais en rentrant vers minuit ! Quel bonheur ! 

* Notre mère (si, si !) : « Alors mon chéri, comment trouves tu ce rôti de bœuf farci au chou-fleur et au poireau avec sa sauce à la crevette flambée à la liqueur de café ? = Mais quel délice maman !!! A peine croyable ! Allez hop ! Je t’inscris à Masterchef illico ! » -> Sous-entendu : tu sais maman, si tu voulais me tuer, fallait pas t’acharner à m’accoucher  pendant cinq heure et demi il y a quarante ans de cela. Ce n’était pas la peine de concocter un truc aussi infâme que ça !... Mais je t’aime !

* Notre belle mère  (si, si, si !) : « Mon cher gendre, pourrais-tu monter sur le toit du mobil home avant de manger pour enlever les quelques (kilos !) feuilles qui trainent ! = Oh, mais bien sûr belle maman, avec le plus grand plaisir ! Ça tombe bien, je viens de travailler toute la nuit mais je ne suis même pas fatigué ! » -> Sous-entendu : non mais sans déconner mémère ! Je viens de bosser 9h00 d’affilée, je suis debout depuis 24 heures, on vient de se taper deux heures et demi de route à la con et que crois-tu que j’en aie à foutre de tes feuilles sur ton mobil home moche à vomir et qui pue le vieux bas de contention? QUE DALLE !! Tout ça pourquoi ? Pour boire un vieux whiskie puant avec du coca plus qu’éventé, à la limite de l’évaporation ! Et que dire des biscuits apéro mous comme un poisson dans son bocal ? Mais bon, heureusement qu’il y à l’héritage l’amour !

 

Bref, un jour ou l’autre, pour une raison qui nous est propre, nous sommes ou avons tous étés amenés à fayoter. Alors certains se diront consensuels, d’autres diront qu’ils ménagent la chèvre et le chou, d’autres se voudront diplomates… Mais si on réfléchit bien, la finalité de toutes ces belles paroles est la même : qu’on nous foute la paix tout en faisant croire que nous sommes les êtres les plus dévoués que cette terre ai portée !

Mais attention ! Fayoter, et bien fayoter, n’est pas donné à tout le monde ! C’est une technique élaborée qui repose sur l’écoute active de son interlocuteur ! Car si vous le faites n’importe comment, en arrivant avec des gros sabots, cela se verra immédiatement et là, vous passerez au banc de votre boite ou cercle privé, en deux coups de cuillère à pot !

Personnellement, j’ai élaboré la technique S.B.R : Soulager le Besoin de Reconnaissance. Il faut bien le reconnaitre, et ceux qui me diront le contraire, je ne suis pas sûr de leur franchise, nous avons tous besoin de satisfaire ce besoin de reconnaissance ! Nous avons tous besoin d’être reconnu pour une chose au moins. Que ce soit au travail, à la maison, en famille ou entre amis, nous cherchons la manière de nous valoriser aux yeux des autres.

Et c’est là qu’intervient ma méthode. Si vous arrivez à déceler ce petit talon d’Achille chez l’interlocuteur que vous désirez amadouer, vous aurez tout juste ! Mais tout commence par l’écoute active : écouter attentivement, en penchant légèrement la tête sur le côté, signe d’écoute profonde, en posant des questions pour mener la personne à dire ce que vous avez besoin de savoir ! Une fois que vous avez compris le point sur lequel elle a besoin d’être rassurée, vous n’avez plus qu’a, en avançant à pas de loup, gentiment lui distiller des paroles de réconfort en prenant soin de ne pas trop en faire de suite !

 C’est un travail de longue haleine car dans certains cas, les gens ne se livrent pas facilement. Mais quand vous aurez pigé la technique, quasiment personne ne résistera à votre charme !

 

Ceci dit, attention tout de même, le S.B.R est une arme puissante. En user sans en abuser, sinon, cela se retournera contre vous un jour ou l’autre ! Car à force de « charmer » votre entourage, il ne pourra plus se passer de vous ! Et là, ce sera le drame ! Tout le monde vous appellera pour tout et n’importe quoi à n’importe quelle heure du jour et de la nuit ! Vous serez harcelé, admiré, jalousé ! Vous serez devenu une drogue et il vous faudra vous sacrifier pour le bien de ceux que vous avez mis en péril a force de les contenter pleinement !

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